Par ma fenêtre ouverte
la lumière du soir
lentement écrit sur ma page
Par ma fenêtre ouverte
la lumière du soir
lentement écrit sur ma page
J'ai déchiré ma page
jusqu'à trouver
les prolongements
de mon intérieur
au risque
de mettre à jour
même mes laideurs
L'errance des nuages
transforme le matin
en paysage
Écrire
comme on traverse
les murs
écrire
comme on traverse
le temps
écrire
comme on pourra
jamais
écrire
sans même savoir
pourquoi
juste pour laisser des traces
Sauver la face
la diluer
dans différents masques
par d'incessants ajustements
avant qu'ils ne me pacifient
jusqu'au dedans
avant la terrible normalisation
J'ai pris
le chemin du retour
comme si celui
de l'aller
n'était qu'une
illusion
comme si
le chemin du retour
n'était que
celui de l'aller
celui de la vraie
aventure
Dans les souterrains
du dessous
dans les labyrinthes
du dedans
à tâtons
je cherche un passage
même le plus minuscule
même le plus cadenassé
dans l'enchevêtrement
des ombres
je cherche la lumière
Il faudra bien combattre
l'amputation des gestes
il faudra bien leur ouvrir
les cages
même si leur amplitude
les conduit au saccage
même si leur envergure
nous explose au visage
même s'ils retournent
à l'état sauvage
il faudra bien les laisser
ouvrir les passages
S'extirper au dehors
sans rien briser
en veillant
à préserver
l'enveloppe de soi
à fin qu'elle serve
encore et encore
s'extirper au dehors
pour être un autre
en rêvant
à celui qu'on ne sera
jamais
Pascale Boulon http://pascaleboulon.unblog.fr/
Ne pas céder
à la terrible démultiplication
des lignes
retourner sa peau
s'il le faut
ne pas céder
a la féroce triangulation
des limites
rapprocher l'horizon
s'il le faut
ne pas céder
à l'épais enchevêtrement
des flammes
traverser le feu
s'il le saut
et s'il le faut encore
se réveiller
dans son propre rêve
Écrire
Malgré l’usure
Malgré l’érosion
Malgré les tremblements
Malgré l’éclatement des pierres
Écrire
Malgré le grand éboulement
Écrire
Parmi les gravats
Écrire
A même les décombres