
détail
J'ai besoin
de m'engloutir
dans l'espace obscure
ou s'efface
peu à peu
la lumière imparfaite
goutte à goutte
larme après larmes
vague après vague
couche après couche
degré après degré
seconde après seconde
détail
J'ai besoin
de me laisser
couler
dans les rivières
souterraines
de mes nuits
de mes cauchemars
de mes douleurs
lourdes douleurs
qui me pèsent
lourdes angoisses
écrasantes vérités
lourdeurs
qui m'enfoncent
fardeaux
qui m'entraînent
Le silence qui s’installe
A l’intérieur
Est très éloquent …
Il existe un dictionnaire
Du silence
Mais on le range
Au fond d’une male
Fermée à double tour
Bien cachée dans les combles
A l’abri de toute lecture
certains
poèmes
sont en terre
certains poèmes
sont recouvert
de boue
peut être parce que je ne sais pas les chanter
ils ont
les syllabes
en pousière
aucun rythme
et des rimes
à rien
mais parfois
ces vers
se retournent
ces vers
se retournent
dans leur tombe
comme
des astres
dans la nuit
et ce
sont
eux
eux qui
me jettent
dans l'abîme
Certains cris naissent
dedans
La bouche fermée
Là
Dans le noyau
Ils grandissent tant
Qu’ils ne peuvent
plus sortir
Le corps prend forme
Autour d'eux
Pour se convertir
A leur lumière
En distorsion
De leur larsens
et engendrer
un silence
qui tait
tout
Grandir d’un seul cri
D’un seul
Transpercer le silence
Et fermer la porte
D’où vient le sang
Pour ne plus entendre
Mes lamentations
Enfanter le cri
Dans ce qu’il a de plus cri
Afin d’effrayer
La parole elle-même
Afin de la dépouiller
Des souillures du passé
Comme si j’en avais assez
Comme si je ne voulais
Plus vomir
Comme si je ne voulais
Plus être coupable
Comme si je voulais
Tout oublier
Grandir dans le plus bruyant
Des suicides
les cris
Ils sont nombreux
Toute une gamme
Un panel représentatif
Un véritable éventail
Une meute
Ils montent de loin
Intenables
De l'intérieur abyssal
Nourris au cendres même
Des traumatismes
Ils ont le son
Hymnes du désespoir
Des long chemins tortueux
Ou la vie s'égare
Ils ont le poids
Eternel
Des pierres
De l'éboulement
Implacable
Qui s'entasse
Sur nos illusions
J'ai besoin
de plonger
au fond
du gouffre
j'ai besoin
de son silence
qui palpite
de son vertige
infini et terrible
j'ai besoin
d'accélérer
la chute
a toute tristesse
a terre ouverte
et de noyer
leur poison
et peu importe
la catastrophe
peu importe
la longueur
de l'apnée
la perte de plumes
les bouts de chair
les os brisées
l'avidité de la terre
et de sa boue
Écrire
Malgré l’usure
Malgré l’érosion
Malgré les tremblements
Malgré l’éclatement des pierres
Écrire
Malgré le grand éboulement
Écrire
Parmi les gravats
Écrire
A même les décombres