Dans nos chairs
coulent des caniveaux
ou des bêtes effrayantes
viennent boire
dans les lumières de la nuit
leur yeux brillent
d'où viennent elles?
Sont elles les animaux de compagnie
de tout ce que nous voulons cacher ?
Dans nos chairs
coulent des caniveaux
ou des bêtes effrayantes
viennent boire
dans les lumières de la nuit
leur yeux brillent
d'où viennent elles?
Sont elles les animaux de compagnie
de tout ce que nous voulons cacher ?
Je la connais leur lumière
Celle que par décret
Est devenue
la vrai
La seule
Celle qui est côté en bourse
Assurée tout risque
Avec des agents d'entretien
Compétents et dévoués
Celle qui intègre
Toutes les plus récentes
Innovations techniques
Celle qui ne se couche jamais
A l'horizon
Veillant sur nous
Tamisée
Climatisée
Ils ont même
Délocalisé le soleil
Pour qu'il ne leur fasse plus d'ombre
Il n'était plus adapté
A leur vision moderne
De notre monde
Qui évolue sans cesse
Face à la concurrence
Je n'échangerais pas ma mémoire
Contre la lumière de leurs jours
les mots comme les nuages
qui se dispersent
et se rassemblent en fantastiques images
les mots comme la pluie
qui nourrissent la terre
font grossir les fleuves
et vous trempent
jusqu'aux os
on a rassemblé
tous nos sens
dans de terribles cris
on a aimé les fièvres
et banalisé
les obsessions
et nos regards
dans la nuit
sont partis
chercher le jour
Ouvre le robinet
et regarde le
couler vers l'impossible
regarde le rejoindre
le grand fleuve
et écoute les poissons
chanter parmi les fleurs
écoute ton sang
battre dans tes veines
tu es robinet
laisse ton sang
rejoindre les autres fleuves
Je cherche
encore et encore
à dompter
les mots éclairs
ceux qui frappent
de plein fouet
l'arbre du langage
je cherche
encore et encore
à forger
les mots clefs
ceux qui ouvrent
la porte
du passage secret
vers le poème
Il existe un lieu
qui résonne
encore et encore
dans mon dedans
un lieu ou la mer
caresse les montagnes
ou les algues
sentent le thym
ou le vent mêle
l'air à l'eau
un lieu sans portes
vers l'au-delà
abandonné des dieux
un lieu pour la fin
un lieu pour moi
Derrière
la nuit efface
les traces
Autour
le paysage
s'essouffle
Au près
des vestiges
d'espoir
Devant
le chemin
s'amenuise
Au loin
l'innommable
Dedans
le cœur refuse
encore
l'empierrement
Nous nous sommes planté
là
dressés comme des arbres
qui lèvent bien haut
leur cime
au milieu du temps
nos racines creuseront
jusqu'au feu
et nos regards troueront
le ciel
et nous crierons
le mot ensemble
et nous ne mourrons pas
Du rouge vermillon
du jaune Sahara
des verticales vivantes
des tâches ouvertes
des horizontales fuyantes
du relief
pour le contrôle illusoire
et des couches
sur les côtés
pour combattre la rouille
Écrire
Malgré l’usure
Malgré l’érosion
Malgré les tremblements
Malgré l’éclatement des pierres
Écrire
Malgré le grand éboulement
Écrire
Parmi les gravats
Écrire
A même les décombres