On marche
mais il y a encore
ce que l'on traîne
on voit
à travers leur yeux
on parle
avec leur voix
mais on ne se voit pas
et on ne s'entend pas
On continue
d'avancer
péniblement
sans savoir
comment
il y a tellement
de choses
que l'on ignore
qu'on n'ose savoir
On manque
de lumière
on ne voit
que la peur
on s'éloigne
mais de quoi
On marche
mais lentement
c'est long
très long
on hésite
à faire le pas
il fait
un froid
noir
On marche
mais c'est loin
on marche
mais on hésite
très peu
de place
entre les murs
on force
on se frotte
on se racle
on est sale
Devant
cela disparaît
derrière
on se demande
si ce las est
dedans
un rien
s'écroule sur tout
et je cours
après mes yeux
qui ne veulent plus voir
Sous le regard
des pierres
sous leur inépuisable
réverbération
j'entame
une nouvelle chute
une énième chute
moins violente
plus attendue
comme une nécessité
aux confins de mes moi
effrayante chute
sur ces chemins inconnus
mais comment savoir
celui qui va
le plus loin
Écrire
Malgré l’usure
Malgré l’érosion
Malgré les tremblements
Malgré l’éclatement des pierres
Écrire
Malgré le grand éboulement
Écrire
Parmi les gravats
Écrire
A même les décombres
